Par la directrice générale, Tammy C. Yates
Dans le mot « communautaire », on retrouve les lettres qui forment
« unité ». Je réfléchis au thème de la Journée mondiale du sida pour 2019,
« Les organisations communautaires font la différence », je n’ai pas pu m’empêcher de disséquer le mot communautaire et d’y trouver la notion d’unité et de solidarité. Si nous en sommes à un point si déterminant de l’épidémie aujourd’hui, c’est parce que depuis plus de 30 ans, la communauté des personnes vivant avec le VIH a lutté pour obtenir des traitements, des soins et du soutien, et pour faire pression sur l’industrie pharmaceutique afin qu’elle développe des interventions et des thérapeutiques médicales novatrices.
Ce point déterminant auquel je fais référence est ce que beaucoup dans le milieu de la santé, tant à l’échelle mondiale qu’ici au canada, estiment être la « fin de l’épidémie de VIH ». Selon un article récent « L’expression résume l’incroyable pouvoir de ce qu’on appelle la prévention biomédicale du VIH. Comme l’a prouvé hors de tout doute la recherche depuis 2010, non seulement la suppression complète du virus au moyen des antirétroviraux (ARV) bloque-t-elle la transmission, mais chez les personnes séronégatives, la prise quotidienne de prophylaxie pré-exposition (PPrE) réduit de plus 99 % le risque de contracter le virus »[1]. De plus, sur la base des données probantes qui s’accumulent depuis 20 ans, on sait à présent que le traitement anti-VIH permet de réduire très efficacement la transmission du virus et que les personnes séropositives dont la charge virale est indétectable ne peuvent pas le transmettre sexuellement.
Mais ma réflexion m’a aussi rappelé que certaines communautés continuent d’être marginalisées et/ou isolées, même si nous luttons diligemment contre l’épidémie au Canada. Les populations autochtones, métisses et inuites, les personnes handicapées, les adultes âgés, les nouveaux immigrants et les réfugiés, les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes et les personnes qui utilisent des drogues par injection (entre autres), restent souvent les plus marginalisés des marginalisés.
Comme l’affirmait Winnie Byanyima, la nouvelle directrice exécutive de l’ONUSIDA, dans son message à propos de la Journée mondiale du sida 2019, « Les communautés peuvent changer les choses… Les organisations communautaires sont notre meilleur espoir pour mettre fin au sida, car les communautés luttent contre le VIH depuis son apparition… Face à l’adversité, des communautés de gays, de professionnel(le)s du sexe et de consommateurs de drogues se sont organisées pour défendre leurs droits à la santé, droits accordés à tous les citoyens et toutes les citoyennes. Nous savons que les organisations communautaires ont prouvé leur importance. Cela est incontestable[2].»
Selon
moi, le défi consiste à mobiliser TOUTES
les communautés afin qu’elles soutiennent et mènent la lutte au VIH de la façon
la mieux adaptée à leur situation. Si vous êtes séropositif ou si vous êtes affecté par le VIH, ou si vous
travaillez dans le domaine, lorsque vous entrez dans une pièce, jetez un coup
d’œil pour voir qui s’y trouve
et qui NE S’Y TROUVE PAS. Exprimez-vous. Faites-vous entendre. Assoyez-vous à
la table dans un esprit d’unité et nous pourrons certainement faire une
différence.
[1] Ryan, B. (2019) `The World Cannot End HIV Without Continued Innovation`, magazine POZ en ligne, 24 novembre. Disponible à l’adresse : https://www.poz.com/article/world-end-hiv-without-continued-innovation
[2] Byanyima, W. 2019. Message de Winnie Byanyima, directrice exécutive de l’ONUSIDA, pour la Journée mondiale du sida 2019. Consulté le 28 novembre 2019. Disponible à l’adresse : https://www.unaids.org/fr/resources/presscentre/pressreleaseandstatementarchive/2019/december/world-aids-day-2019-message-from-executive-director-winnie-byanyima