Tammy C. Yates, directrice générale
Aujourd’hui, nous marquons la Journée mondiale contre l’hépatite (JMH) et le thème, cette année, est Éliminer l’hépatite.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 300 millions de personnes dans le monde vivent avec une hépatite chronique. Il y a cinq virus principaux de l’hépatite, que l’on appelle A, B, C, D et E. Ces cinq types de virus suscitent de vives inquiétudes en raison du fardeau de morbidité et de mortalité qu’ils causent et du risque d’épidémies. Plus particulièrement, les types B et C sont à l’origine de maladies chroniques chez des centaines de millions de personnes et, ensemble, sont la première cause de cancer hépatique et de cirrhose.
Au Canada, on estime qu’entre 220 697 et 245 987 personnes vivent avec une hépatite C chronique (ASPC 2014) et qu’entre 3 200 et 5 000 personnes contractent l’infection chaque année. L’OMS estime qu’environ 90 % des personnes qui vivent avec l’hépatite B et 80 % des personnes qui vivent avec l’hépatite C ne sont pas au courant de leur statut, ce qui entraîne la possibilité réelle de développer une maladie hépatique mortelle à un moment ou un autre de leur vie et, dans certains cas, de transmettre l’infection sans le savoir.
La disponibilité de vaccins et traitements efficaces contre l’hépatite B et d’une cure pour l’hépatite C permet de dire que l’élimination de l’hépatite virale est réalisable; toutefois, une plus grande sensibilisation et une meilleure compréhension de la maladie et des risques sont essentielles, comme d’ailleurs l’accès à des diagnostic et traitement moins coûteux.
Chez nous, nous avons de bonnes nouvelles en ce qui concerne la disponibilité des traitements contre l’hépatite C. En février 2017, un groupe nommé l’Alliance pancanadienne pharmaceutique (APP) a négocié une entente sur la détermination des prix des drogues avec plusieurs compagnies pharmaceutiques au nom des provinces et des territoires. Cette entente a permis de réduire le prix de six médicaments contre l’hépatite C. Une fois l’entente conclue, les provinces et territoires étaient responsables de modifier leurs listes de médicaments. L’Alberta, la Colombie-Britannique, la Nouvelle-Écosse, l’Ontario, le Québec et la Saskatchewan se sont empressés de le faire pour améliorer l’accès. Mieux encore, la Colombie-Britannique et l’Ontario envisagent de supprimer toutes les restrictions au traitement de l’hépatite C en 2018 (CATIE, 2017).
Mais tout ne fonctionne pas encore comme sur des roulettes! Nous n’avons encore ni stratégie ni plan d’action national sur l’hépatite C et environ 40 % des personnes au Canada qui vivent avec l’hépatite C ne le savent même pas. Au Canada, on observe des taux plus élevés d’hépatite C dans les populations marginalisées, telles que les Autochtones, les immigrants et les utilisateurs de drogues injectables (Minuk, G.Y., et coll., 2003). Les populations vivant avec l’hépatite C sont vulnérables à d’autres infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS), à la tuberculose, aux dépendances et problèmes de santé mentale dus à des facteurs de risque communs et aux iniquités en matière de déterminants sociaux de la santé (Wilson, M., et coll., 2009). Les populations vulnérables ont moins accès à l’éducation et aux soins et sont ainsi plus difficiles à rejoindre, engager et retenir dans le secteur des soins de santé (Patrick, D.M., et coll., 2000).
Avec l’inclusion de l’hépatite virale dans les Objectifs de développement durables des Nations Unies et la récente adoption de la première stratégie mondiale en matière d’hépatite, nous nous trouvons à un moment décisif. Plus que jamais, un engagement politique est aujourd’hui nécessaire. Sans action immédiate, le nombre de décès continuera d’augmenter et l’épidémie de croître.
En cette JMH, parlons-en, il est temps d’éliminer l’hépatite (#EliminateHepatite). Chez Réalise, nous sommes déterminés à faire notre part. Et vous?
DÉCLARATION POUR MARQUER LA JOURNÉE MONDIALE CONTRE L’HÉPATITE 2017 (PDF)