Tammy C. Yates, directrice générale
Traditionnellement, pour ma déclaration visant à marquer la Journée mondiale du sida, je suis portée à me concentrer sur le thème sélectionné pour l’année, dans le monde ou au pays, pour sensibiliser les gens sur la question particulière ou sur un sujet qu’il convient de souligner.
Traditionnellement, je mets l’accent sur la contribution de Réalise dans la riposte au VIH, ici et à l’étranger.
Notre époque n’a toutefois rien de traditionnel.
Aujourd’hui, tandis que nous célébrons la Journée mondiale du sida (JMS), de nombreux organismes communautaires voués au VIH aux paliers municipal, provincial et national, qui ont servi et habilité les personnes vivant avec le VIH pendant des dizaines d’années ont soit fermé boutique, sont sur le point de mettre fin à leurs activités ou envisagent de fermer leurs portes en raison de contraintes budgétaires. Tandis que les gains durement acquis pendant des dizaines d’années de travail acharné commencent à porter fruit, beaucoup d’entre nous dans le secteur du VIH voient leurs perspectives d’avenir s’assombrir et leurs gains mis en péril.
Avancé par le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), l’admirable objectif consistant à mettre fin à l’épidémie du sida d’ici à 2030 a à juste titre suscité l’imagination de la communauté internationale ces dernières années, dominant les discussions globales et nationales sur le VIH/sida, influençant les décisions politiques et déterminant les choix des principaux bailleurs de fonds.
Imaginer la fin de la pandémie de VIH/sida est certes un objectif admirable et exaltant! Cet objectif s’intègre bien dans nos idéaux collectifs du progrès et de l’évolution scientifique. Il s’échafaude sur des percées médicales réelles et passionnantes en matière de diagnostics et de traitement qui, pour des millions de femmes, d’hommes et d’enfants, ont fait du VIH/sida une infection plutôt qu’une peine de mort, le transformant en une maladie chronique potentiellement gérable. Tel est notre ESPOIR!
Mais il reste encore beaucoup à faire
De plus en plus, des personnes vivant avec le VIH partout dans le monde, des travailleurs de première ligne et d’autres experts qui ont vraiment approfondi la question nous rappellent qu’une approche purement médicale ne suffit pas à résoudre les complexités de la crise du VIH. Leur expérience vécue et leur connaissance des dimensions sociales de la maladie leur disent que les solutions ne sont pas si simples.
Les vraies solutions à la crise du VIH/sida doivent aborder les obstacles auxquels font face chaque jour de nombreuses personnes qui vivent avec le VIH, ainsi que les défis sociaux qui font de la maladie et des préjudices une menace réelle – surmonter les obstacles à l’ESPOIR!
- Stigmatisation
- Exclusion et isolement sociaux
- Pauvreté
- Manque d’accès aux services
- Discrimination en matière d’emploi et de possibilités de gagner sa vie
- Invalidité due au VIH et à certains traitements médicamenteux
- Incertitudes liées à la vie et au vieillissement avec le VIH
Vivre vraiment pleinement avec le VIH exige une approche beaucoup plus robuste!
La Journée mondiale du sida 2017 portera le thème « Ma santé, mes droits ». Dans sa Constitution de 1948, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit la « santé », au sens large, comme suit : « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». Afin de compléter ce thème global, l’OMS soulignera le besoin des 36,7 millions de personnes vivant avec le VIH, de celles qui sont vulnérables à l’infection par le VIH et des autres qui sont affectées par l’épidémie d’atteindre l’objectif d’une couverture de santé universelle. Les organismes communautaires du secteur du VIH jouent un rôle critique dans l’atteinte de cet objectif.
J’espère qu’en 2018, dans ma déclaration destinée à marquer la Journée mondiale du sida, je chanterai les louanges du gouvernement fédéral qui aura mis la dernière main au Cadre d’action visant l’élimination des infections transmissibles sexuellement et par le sang en tant que menace pour la santé publique au Canada d’ici 2030 et accordé l’augmentation de l’investissement promise depuis longtemps dans la riposte au VIH au Canada.
Seul l’avenir nous le dira.