Il y a un peu plus d’une semaine, Réalise a exhorté le gouvernement canadien à prendre des mesures énergiques dans le budget fédéral afin de respecter les engagements du Canada en matière de droits de la personne et de contribuer à inverser les tendances dangereuses observées dans la riposte au VIH au Canada et à l’échelle mondiale. En collaboration avec nos partenaires du secteur canadien de la lutte contre le VIH, nous avons demandé au gouvernement de :
- Accroître les investissements dans les programmes de lutte contre le VIH, tant au niveau mondial que national, afin de refléter la gravité persistante de l’épidémie.
- Placer l’équité et la justice au cœur de la stratégie nationale de lutte contre le VIH, en soutenant explicitement les communautés confrontées à la criminalisation, à la stigmatisation et aux inégalités structurelles.
- Financer des initiatives communautaires fondées sur des données probantes, notamment l’auto-dépistage du VIH, les programmes d’accès aux soins, les services de réduction des risques adaptés aux réalités culturelles, le soutien par les pairs et l’accès à des outils de prévention novateurs comme le lénacapavir, un médicament injectable à action prolongée contre le VIH.
- Renforcer les initiatives autochtones de lutte contre le VIH grâce à un financement flexible et durable et à des cadres de partenariat.
- Réformer les lois et politiques néfastes qui entravent l’accès à la prévention et aux soins du VIH, en veillant à ce que le budget témoigne d’une volonté politique de lever les obstacles, et non de les perpétuer.
Malheureusement, le budget fédéral, publié cette semaine le 4 novembre, n’a guère apporté de précisions sur ces questions et a même laissé entendre, dans certains cas, d’éventuelles réductions de financement pour des programmes importants. Parmi les principales préoccupations figurent :
- Le budget ne prévoit aucun engagement financier précis pour la reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, bien que la période de collecte des contributions soit en cours et que le Fonds soit vraisemblablement un sujet important lors du prochain sommet du G20 en Afrique du Sud à la fin du mois, auquel participera le premier ministre Carney.
- Le budget ne prévoit aucun engagement précis quant à la riposte du Canada à la crise du VIH (le Canada est le seul pays du G7 à connaître une hausse des taux d’infection au VIH), ce qui oblige les organismes communautaires à anticiper la réponse du gouvernement au cours des prochaines années, dans un contexte déjà incertain où les besoins de la communauté évoluent et où les taux d’infection augmentent.
- Pour le secteur du soutien aux personnes vivant avec le VIH et d’autres maladies transmissibles par le sang comme l’hépatite, les seules indications figurant en annexes du budget (concernant l’Agence de la santé publique du Canada) sont des formulations générales suggérant l’intention de « réajuster » et de « consolider » les programmes. Cette incertitude risque de nuire à des services essentiels et aux innovations en matière de riposte au VIH.
Nos préoccupations concernant le VIH se reflètent dans nos préoccupations plus générales relatives au handicap. Réalise est un partenaire actif du Réseau national du handicap et nous avons joint notre voix organisationnelle à la déclaration suivante.
ÉNONCÉ DU RÉSEAU NATIONAL POUR LES PERSONNES EN SITUATION DE HANDICAP AU SUJET DU BUDGET 2025
Pour diffusion immédiate – Ottawa, le 6 novembre 2025

Le budget 2025 néglige la participation de 27 % de la population canadienne à l’économie
Le budget 2025 prévoit des mesures pour améliorer l’accessibilité, mais il ne reconnaît pas l’impératif économique lié à la participation des personnes en situation de handicap à l’économie du Canada. Les personnes en situation de handicap (27 % de la population canadienne de 15 ans et plus) contribuent à l’économie, à sa main-d’œuvre, à la direction de ses entreprises, à la consommation de ses biens et services, mais elles sont encore exclues d’une participation économique véritable. Ce budget ne prévoit aucun plan d’action précis pour permettre cette participation, n’offre aucun nouveau financement adéquat pour la Prestation canadienne pour les personnes handicapées et présente un risque pour les programmes destinés aux personnes en situation de handicap en raison des objectifs en matière d’économies imposées à Emploi et Développement social Canada.
Les éléments prévus dans le budget :
- Des mesures qui visent à faciliter l’accès aux prestations, notamment la simplification des déclarations fiscales pour la population canadienne à faible revenu
- Des mesures qui visent à appuyer la certification médicale en vue de l’obtention du crédit d’impôt pour personnes handicapées (CIPH)
- Des indices Indications que la Prestation canadienne pour les personnes handicapées (PCPH) pourrait être considérée comme un « revenu exempté » pour l’admissibilité à d’autres prestations
- Des mesures destinées à remédier aux effets négatifs des réductions des taux marginaux d’imposition sur la valeur du CIPH
Ces mesures salutaires devraient contribuer à réduire certains obstacles à l’accès. Toutefois, sans prestations ou ressources adéquates, les personnes en situation de handicap ne peuvent pas participer pleinement à l’économie.
Les lacunes et les risques
- L’absence de financement adéquat ou de plan d’action actualisé pour augmenter la Prestation canadienne pour personnes handicapées (PCPH)
- La directive donnée à EDSC de réaliser des économies importantes sans préciser les programmes visés par les réductions budgétaires (ce qui représente un risque réel pour les programmes destinés aux personnes en situation de handicap)
- L’admissibilité à la Prestation canadienne pour personnes handicapées (PCPH) exige encore l’obtention restrictive du crédit d’impôt pour personnes handicapées (CIPH).
- L’absence d’exigences précises et mesurables en matière d’accessibilité dans les investissements fédéraux majeurs en matière de logement et d’infrastructure
Ce que réclame le Réseau national pour les personnes en situation de handicap
Le Réseau national des personnes en situation de handicap demande au gouvernement fédéral :
- de publier un plan pour la Prestation canadienne pour les personnes handicapées (PCPH) qui définit un échéancier précis en vue de la mise en place d’une prestation adéquate et entièrement financée.
- d’élaborer, en collaboration avec des organismes menés par des personnes en situation de handicap, les critères d’admissibilité au financement pour qu’elle n’exige pas l’obtention du CIPH.
- de veiller à ce que les gouvernements des provinces et des territoires ne compensent pas le financement de la PCPH par le biais de diminutions des prestations provinciales et territoriales pour personnes en situation de handicap, et ce, afin que les personnes puissent bénéficier de la valeur totale de la PCPH.
- d’intégrer des exigences mesurables en matière d’accessibilité pour tous les principaux investissements fédéraux.
- de déterminer les conséquences des réductions aux programmes d’ESDC et de consulter les organismes menés par des personnes en situation de handicap, conformément à l’article 4.3 de la Convention relative aux droits des personnes handicapées des Nations Unies, en plus de faire progresser les dispositions des articles 12 et 19 afin de protéger la capacité juridique ainsi que de financer les ressources communautaires.
Le gouvernement ne peut atteindre ses objectifs en matière de participation économique et de croissance si les personnes en situation de handicap continuent d’être sous-estimées et exclues.
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| Alliance for Equality of Blind Canadians | March of Dimes Canada |
| Canadian Association of the Deaf (CAD-ASC) | Muscular Dystrophy Canada |
| Autism Alliance of Canada | Alliance canadienne de l’autisme | People First of Canada |
| Canadian Cultural Society of the Deaf | Plan Institute |
| Canadian Down Syndrome Society | Realize Canada |
| CCRW | Rick Hansen Foundation |
| CNIB | Spinal Cord Injury Canada |
| Council of Canadians with Disabilities | Thunder Bay & District Injured Workers Support Group |
| Daily Bread Food Bank | Wavefront Centre for Communication Accessibility |
| Disability Without Poverty | Inclusion Canada |
| Environmental Health Association of Canada | Independent Living Canada |
| Environmental Health Association of Québec | Indigenous Disability Canada Disability Alliance BC |
| L’Arche Canada |
Au sujet du Réseau national pour les personnes en situation de handicap
Le Réseau national pour les personnes en situation de handicap (RNPSH) est une coalition pancanadienne de plus de 40 organismes membres qui s’engagent à promouvoir l’inclusion, l’accessibilité et l’équité pour les personnes en situation de handicap au Canada. Le RNPSH plaide en faveur d’un changement systémique par le biais d’une élaboration concertée de politiques, d’un engagement des pouvoirs publics et d’une mobilisation des communautés. Il fonctionne selon le principe « rien à propos de nous, sans nous », en veillant à ce que les personnes en situation de handicap participent de manière véritable à l’élaboration des politiques et des programmes qui ont une incidence sur leur vie.
